Quinn Everleigh Williamson

FEAT. TERESA PALMER.

NOM ET PRÉNOM Williamson, Quinn Everleigh ; née Washington, Rose. DATE DE NAISSANCE 04/12/1986. LIEU DE NAISSANCE Boston (Massachusetts, USA) ÂGE 25 yo. STATUT Célibataire mais amoureuse. EMPLOI Sans emploi réel, bien que s'étant improvisée chasseuse de traqueurs. ORIENTATION SEXUELLE Hétérosexuelle. GROUPE Runaways ▬ catch me if you can.

“ CARACTERE

Quinn, c’est avant tout une forte tête – vous savez, ce genre de personnes qui ne se laissent jamais abattre, qu’importe les difficultés et autres aléas de la vie. N’ayant pas pour habitude de garder la langue dans sa poche, elle a été très largement endurcie par de nombreuses séances de tortures lui ayant été infligées pour, le plus souvent, ‘insolence’ et ‘non soumission’. Ces années de galère lui ont forgé un tempérament de battante et l’ont doté d’un courage à toute épreuve. Quinn, c’est cette jeune femme bornée, sans foi ni lois, ayant une vilaine tendance à foncer tête baissée et ne reculant devant rien. Déterminée ? Elle l’est, sans aucun doute. Mieux encore, nous pourrions aller jusqu’à dire qu’elle est acharnée. Williamson n’abandonne jamais avant d’avoir atteint son but, tout le monde le sait.
Quinn est aussi, et à son grand malheur, terriblement impulsive, et ceci malgré tous ses efforts pour contrôler son mauvais caractère. Elle a le sang très – trop - chaud, et est toujours apte au combat. Le combat, justement… Derrière ses airs angéliques – et encore, à ses heures – la blonde est une redoutable adversaire, souvent sous-estimée. Dotée de grandes qualités physiques – sans oublier ses aptitudes mentales remarquables, comme nombre de pensionnaires du Centre – elle est particulièrement adroite et ne loupe quasiment jamais son coup. Etant très résistante, elle a de nombreuses ressources, sachant aussi bien manier les armes que pratiquer quelques arts martiaux, ce qui lui assure de manière quasiment systématique une victoire lors des duels. Ce succès certain au Centre l’a munis d’une certaine fierté, voir même d’une tendance à l’orgueil ou à un tantinet de narcissisme. Pourtant, paradoxalement, Everleigh ne cesse de douter d’elle. Elle a presque autant de mal à avoir confiance en elle qu’en les autres – car on sait bien qu’ici, se lier avec n’importe qui est dangereux…

Si vous demandiez aux autres pensionnaires du Centre de qualifier Quinn en un mot, ils choisiraient sans doute, pour la plupart « impassible ». La jeune femme a en effet pour habitude de ne jamais dévoiler ses émotions aux autres, se cachant constamment derrière un masque de froideur et d’insensibilité. Certains la considèrent même comme sans-cœur… Sans comprendre qu’il s’agit justement de tout le contraire.
Oui, car si Quinn se dissimule derrière ce ‘personnage’, c’est pour cacher sa trop grande sensibilité. Elle a été franchement affecté du départ de certaines personnes – comprenez par là leur mort – mais a pourtant fait mine d’y être totalement insensible. Ici, si quelqu’un est surpris à se montrer un peu fleur bleue, il sera fini dans la semaine. Au Centre, les sentiments sont tout bonnement bannis.
Ainsi Quinn, sauf que sa trop grande impulsivité reprend le dessus, est sans cesse d’un calme inébranlable. Elle ne se laisse jamais, ô grand jamais, aller. Non, elle n’a jamais versé une larme au Centre, et ceci même durant ces séances interminables de torture. Elle passe donc pour quelqu’un de froid, de sec, quelqu’un qui évite de s’attacher aux autres, quelqu’un d’infréquentable… une machine de guerre en quelque sorte. Mais si les gens, autre que sa petite bande d’amis la connaissaient vraiment… ils sauraient alors qu’il reste au fond d’elle un soupçon d’innocence ainsi que des fragments d’âme pure et enfantine… ils sauraient qu’elle en fait comme eux, une enfant bafouée, une adolescente que l’on a forcé à grandir trop vite, une jeune femme rêvant d’un monde meilleur où chacun serait libre…

Qui peut réellement prétendre connaître Quinn Williamson, au fond ? Probablement uniquement sa bande d’amis. Ils étaient quatre inséparables : Eden, Chace, Cameron et elle-même. Avec eux, elle était entière, sincère. Ils étaient sans doute les seules personnes avec qui elle s’autorisait à faire tomber ce masque de dureté et de froideur, qui lui garantissait une certaine sécurité au Centre. Entourée de ses amis, on la découvrait sous un nouveau jour : celui d’une jeune femme terriblement attachée à ses proches, souriante, drôle à ses heures, même. Optimiste quand à leur avenir, elle passait son temps à échafauder toutes sortes de plans d’évasion, convaincus qu’un jour, ils s’échapperaient tous les quatre – ce qui, comme vous le savez, a très sérieusement failli arriver…
Pourtant, leur plan était parfait. Elle avait activement participé à sa conception, déployant toute son intelligence et son savoir pour ce qui était de l’organisation de leur grand départ. Elle qui est d’une nature assez intuitive, ayant régulièrement des pressentiments se révélant la plupart du temps exacts, elle était convaincue que tout se passerait bien… peut-être par naïveté, peut-être par motivation… en tout cas, rien n’avait été comme elle l’aurait souhaité… ce souvenir est d’ailleurs l’un des seuls à parvenir à lui arracher quelques larmes, c’est pour dire…

La Liberté a rendu Quinn méfiante, voir littéralement paranoïaque. Rancunière envers la Terre entière, elle a pour désir actuel d’exterminer tous les Traqueurs lui passant sous la main, y compris ceux qu’elle côtoie depuis sa plus tendre enfance, prise d’une folie destructrice et vengeresse. Imprévisible, elle tente tant bien que mal de conserver le mystère quand à sa nouvelle vie, par principe de sécurité. Elle ne veut plus jamais remettre les pieds au Centre, cet Enfer sur Terre, si ce n’est pour libérer Cameron et Chace, qui doivent endurer chaque jour encore cette vie de haine, de labeur, de violence…
Aujourd’hui, elle vit au jour le jour, en totale autarcie. Devenue une solitaire endurcie, elle se languit pourtant de retrouver ses amis… De plus, sa vie du moment est assez paisible, si l’on y excepte quelques confrontations de temps à autre avec Bowen et la nécessité de bouger régulièrement. Quinn, elle, aime l’action. Elle aime le risque, elle aime prendre les problèmes de face, elle aime même devoir affronter la vérité – et ceci, même si celle-ci est blessante. Quinn, c’est cette jeune femme élevée pour le combat qui, ainsi en pleine nature, se trouve un peu perdue. Elle n’a plus personne à manipuler, plus personne avec qui jouer, plus personne sur qui enquêter… ce qui, au fond, lui au manque. Elle trouve cela stupide, car sa vie actuelle est bien plus confortable, mais après avoir passé vingt-et-un an de son existence de la sorte, elle se sent quelque peu égarée… sans le montrer, de par sa fierté légendaire.

Pour ce qui est des manies de Quinn… étonnamment, elle en a beaucoup. Et elle s’est toujours accrochée à ses manies, dans une quête perpétuelle de vie normale, de train-train perpétuel. Ainsi la jeune femme ne porte-t-elle jamais de montre, ne se souciant guère de l’heure. Elle a également tendance à enrouler une mèche de ses cheveux autour de son doigt lors qu’elle réfléchit, ou à toujours chercher à rompre le silence, de quelque manière que ce soit. Elle a également un réflexe amusant, qu’elle a conservé de sa tendre enfance : elle a la manie systématique de faire une grimace en passant devant un miroir… ce qui fait beaucoup rire ses compatriotes. Sinon, elle se fixe généralement plusieurs objectifs par jour que, en règle générale, elle ne remplit pas. Aussi, elle dit bien trop souvent ce qu’elle pense, s’en montrant même involontairement blessante parfois ; sort couramment une longue bordée de jurons lorsqu’elle est énervée ; fait son regard de chien battu lorsqu’elle n’obtient ce qu’elle veut et ne parvient pas le moins du monde à se contrôler lorsqu’elle est hors d’elle…

“ POINT FORT/ POINT FAIBLE

Le principal point fort de Quinn réside sans doute dans sa résistance à toute épreuve. En effet, la jeune femme est blindée, autant physiquement qu'émotionnellement. Ces années au Centre auront au moins eu le mérite de l'endurcir ! N'ayant pas pour habitude de garder la langue dans sa poche, elle a été plusieurs fois sévèrement punie, isolée, torturée même... Ce qui lui a forgé un tempérament de battante et une certaine force physique. Rares, voir quasiment inexistantes, ont été les fois où la blonde a daigné craquer devant ses tortionnaires, refusant obstinément de laisser transparaître le moindre signe de souffrance sur son visage ou encore échapper ne serait-ce qu'un petit gémissement de douleur. Sinon, ses autres grandes forces sont probablement son aptitude au combat et son côté obstiné, qui la pousse à ne jamais abandonner.
Sa plus grande faiblesse est, quand à elle, et ceci sans l'ombre d'un doute, son profond attachement à ses proches. Terriblement protectrice envers ses rares amis, elle peut se montrer excessivement énervante à s'inquiéter sans cesse pour eux - bien qu'elle ait pris l'habitude de ne plus le montrer ses derniers temps, autant pour des raisons de sécurité que d'intérêt. Amie on-ne-peut plus fidèle, elle tente toujours tout ce qui est en son pouvoir pour aider son entourage, quitte à se mettre en danger. Devoir abandonner Chace et Cameron à leur triste sort, après leur tentative à demi-ratée d'évasion, lui a tout simplement brisé le coeur, et aujourd'hui encore, Everleigh ne peut s'empêcher de s'en vouloir horriblement. Pour ce qui est de ses autres points faibles, citons notamment son manque de confiance en soi - bien qu'elle donne systématiquement l'impression inverse - et son amour inconsidéré du risque, qui lui donne une certaine tendance à s'engager un peu facilement dans de grandes péripéties...

(c) Tezpalmer

«WHEN I WAS A CHILDREN…
PART ONE.»

ROSE WASHINGTON ? OUI, C’ETAIT MOI. AVANT…

« Rose Washington... Quinn Everleigh Williamson... Vous voyez le rapport ? Non ? Moi non plus.
Rose Washington, c'était moi avant. Je ne m'en souviens plus trop, à vrai dire - dites merci au bourrage de crâne intensif et aux sédatifs !
Non, contrairement à certains, je n'ai pas tout oublié. J'ai quelques souvenirs qui remontent, de temps à autres. De toute façon, la mémoire d'un enfant de quatre ans, même surdoué, n'est pas très développée. On ne retient que les instants marquants de sa jeune existence - et encore, si l'on a droit à une enfance normale, pas comme la mienne.
Donc, autrefois, je m'appelais Rose Washington... Je suis née à Boston, dans le nord-est des Etats-Unis d'Amérique, plus précisément dans le Massachusetts. J'avais un grand frère, mais impossible de me rappeler combien d'années d'écart nous avions. Quand je repense à ma famille, ma vraie, je vois les Washington, petite famille unie de la classe moyenne. Je revois une petite poupée blonde - moi - souriante, épanouie et malheureusement surdouée. Malheureusement, car si je n'avais pas été dotée d'une intelligence supérieure, j'aurai eu droit à la même vie banale que tous les enfants que j'ai pu côtoyer dans mon enfance.
Je crois que mon père était garagiste, mais j'ai des doutes. Ma mère travaillait dans un hôpital, elle était secrétaire ou quelque chose comme ça. Ils ne savaient pas trop quoi faire de moi, en fait. Devaient-ils me placer dans une école spécialisée ou non ?
Quand je tente de me rappeler ma vie d'avant, je revois systématiquement l'image d'une enseignante. Des cheveux roux perpétuellement redressés en un chignon, un sourire radieux, de nombreuses bagues aux doigts et des lunettes rondes grossissant ses yeux. Elle m'aimait beaucoup. Mais en fait, avec le recul, j'ai surtout l'impression qu'elle appréciait le fait de m'avoir comme élève. Oui, j'étais un peu comme une pièce extrêmemement rare, qu'elle avait été ravie d'ajouter à sa collection d'élèves. Une bête de foire, en quelque sorte. Elle, elle ne voulait surtout pas que mes parents que mes parents m'envoient dans une autre école.
Un jour m'a particulièrement marqué dans ma vie d'avant. Pourtant il est flou, confus, et pour le peu dont je me souvienne parfaitement - c'est d'ailleurs un de mes seuls souvenirs exacts de ma vie d'avant - c'est une scène parfaitement banale de la vie quotidienne. »

***

FLASHBACK.

« Mon père et ma mère - ça ne peut être qu'eux - discutent avec un autre couple, des anciens voisins, il me semble. Ils ne nous regardent plus nous chamailler, mon frère et moi. De toute façon, ce n'est qu'un autre de nos conflits perpétuels.
Cette fois-ci, il tourne autour de celui qui aura l'honneur de pousser le charriot. Chacun a ses arguments, enfantins et innocents. Je jette un oeil noir à mon frère. Je veux que ce soit moi, et personne d'autre, qui pousse le charriot. Je revois encore ma détermination quand à assumer cette responsabilité comme si c'était hier.
J'en ai marre de me battre, je passe aux supplications. Je pousse un long soupir, regarde mon frère avec un sourire en coin et fais mes yeux de chiens battus - un vieux réflexe que j'ai conservé aujourd'hui encore. Il ne peut quand même pas y resister, si ?

▬ S'il te plaît, grand frère chéri, laisse-moi le faire !
▬ Tu ne m'auras pas comme ça ! Tu l'as déjà fait la dernière fois, maintenant c'est à mon tour !
▬ Sois gentil ! Si tu me laisses le faire aujourd'hui, je te le laisse le faire autant que tu veux !

Je vois qu'il médite sur la question. Il hoche la tête, me regarde d'un air affairé, comme si nous discutions d'affaires d'état. Finalement, il ouvre la bouche, la referme, et lance finalement, d'un ton de conspirateur :

▬ Autant de fois que je veux, tu dis ? Tu promets ?

Je hoche la tête avec empressement... sans savoir que de toute façon, il aura, et ceci à partir d'aujourd'hui même, la libre responsabilité du charriot, et ceci à lui seul. Dans quelques minutes, ma vie va basculer, et la sienne aussi, indirectement. Plus jamais il n'aura de soeur avec qui se chamailler, et pourtant, je ne me souviens plus le moins du monde de quelle façon.

▬ C'est d'accord, lâche-t-il finalement.

Avec un sourire radieux, je m'empare du cadis. Il lève les yeux au ciel, faisant mine d'être exaspéré.

▬ Hé, petite !

Je me retourne vers cette voix inconnue qui m'appelle. Un homme.
Noir. Complet, sombre, oppressant. La suite ? Aucune idée. »

(c) Tezpalmer

«WHEN I WAS A CHILDREN…
PART TWO.»

REPETE APRES MOI : MAINTENANT JE M’APPELLE QUINN EVERLEIGH WILLIAMSON.

▬ Mademoiselle Williamson… Réveillez-vous !

Rose n’ouvrit pas les yeux, et ceci malgré la voix pressante résonnant au-dessus d’elle. C’était une voix inconnue. Qui-plus-est, elle ne s’appelait « Mademoiselle Williamson ». Non, elle s’appelait Rose Washington, et personne encore ne l’avait appelé « mademoiselle », à ce jour.
Gardant les yeux obstinément fermés, elle fit le point sur sa condition. Sa tête tournait atrocement… Et pourquoi ne se souvenait-elle de rien ? Elle avait beau remuer de fond en comble son cerveau, elle ne parvenait pas à comprendre comment elle avait pu atterrir ici, avec cet homme – inconnu, en prime.
Si ses impressions étaient exactes, elle était actuellement allongée sur un lit inconfortable. Des barreaux en fer, un matelas peu épais… loin du confort habituel de sa maison. Où était-elle ? Une bouffée de panique l’envahit, et pourtant elle n’en n’ouvrit pas les yeux pour autant. Elle sentait qu’elle devait continuer à imiter le sommeil.

▬ Mademoiselle… si vous m’entendez, faites-moi un signe !

Elle faillit écouter l’homme… mais se ressaisit au dernier moment. Non, elle ne le devait pas. Gardant les paupières closes, elle tendit l’oreille. A priori, l’homme était seul dans la pièce. Et s’il l’avait kidnappé ? Elle avait déjà vu des alertes enlèvements durant les journaux télévisés. Mais quand ? Comment ? Pourquoi sa tête ne cessait-elle pas de tourner ? Pourquoi ne se souvenait-elle de rien ?
Une main rugueuse se posa sur sa frêle épaule. A ce contact, la petite se raidit subitement et eut, instinctivement, un subit mouvement d’épaule qui eut pour premier effet de déloger la main de l’homme… et pour second, de la griller en beauté. Ne pouvant plus feindre le sommeil, elle ouvrit en grand ses yeux bleus, qui se posèrent immédiatement sur un plafond sombre, uniquement agrémenté d’une vieille lampe se balançant doucement.

▬ Je me disais bien que vous étiez réveillée… Ne vous inquiétez pas, tout va bien.

Elle jeta un regard noir à l’inconnu, un vieil homme avec de grosses lunettes rondes et déjà quelques rides sur le front – le stéréotype parfait du médecin, à ses yeux. Pourquoi se trouvait-elle chez un médecin ? Elle n’était pas malade…
Qui-plus-est, il tentait de l’amadouer. Tout allait bien ? Bien sûr que non, tout n’allait pas bien ! Où était sa famille ? Son frère ? Son père, sa mère ? Leurs amis ?
En un flash, Rose se souvint de tout – ou presque. Elle revoyait la scène, mais oubliait des détails, reconnaissant à peine ses parents… Que lui arrivait-il ? Elle se vit, manipuler habilement son frère pour être responsable de la conduite du chariot. Elle se revit s’emparer du fameux chariot à commissions, un sourire fier sur les lèvres. Elle entendit une voix inconnue l’appeler – « hé, petite ! » - puis plus rien. Noir.

▬ Qu’est-ce que je fais là ? Où sont mon père et ma mère ? Et mon frère ? Qu’est-ce que c’est que cet endroit ? Je vais y rester longtemps ? Qui êtes-vous ?

Elle aurait sans doute continué de la sorte pendant un long moment encore, mais le « médecin » l’interrompit dans sa longue tirade anxieuse d’un geste de la main. Elle le regarda, une expression de crainte et de respect mêlée dans son regard bleu azur. Elle ne connaissait pas cet homme, et pourtant il la forçait au respect, pour une raison qui lui échappait totalement.
Interrompant immédiatement son flot de questions, elle entreprit de parcourir la pièce du regard. Une pièce banale, sombre, angoissante, qui lui rappelait vaguement la définition qu’elle se faisait d’une prison. A l’autre bout de la modeste pièce, se trouvait un lit identique au sien, avec de vieux draps. Une petite table, une armoire, une chaise instable, les murs nus. Cet endroit lui donnait la chaire de poule…

▬ Vous vous trouvez dans une école adaptée spécialement aux enfants comme vous.
▬ Comme moi ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
▬ Surdoués. Ayant une intelligence supérieure à la moyenne. Ce qui est, si je ne m’abuse, votre cas, lança le docteur en se fendant d’un sourire.
▬ Où est ma famille ? Elle est ici, elle aussi ?
▬ Malheureusement, non.
▬ Ce sont eux qui m’ont emmenée ici ?
▬ Disons qu’ils vous y ont inscrit.
▬ Monsieur…

Elle le dévisagea un instant, de son regard perçant. Le vieil homme fit, de derrière ses lunettes, de même. Il sentait en cette petite un esprit extrêmement brillant et une perspicacité très largement développée pour son jeune âge. Son cas n’allait pas être facile à traiter… Finalement, il hocha doucement la tête, attendant la suite des propos de la petite blonde.

▬ Vous me mentez, n’est-ce pas ?

Il ne s’était pas trompé. Elle possédait une intelligence et une vivacité d’esprit que, même chez ses futurs petits camarades, pourtant eux aussi surdoués, il avait rarement discerné. Il prit un certain temps à répondre à la petite, ce qui confirma sans aucun doute les soupçons de sa jeune interlocutrice. Néanmoins, il se décida enfin à reprendre la parole, lançant d’un ton doux mais ferme :

▬ Vos parents souhaitaient le meilleur pour vous. Et le meilleur ne consistait à vous laisser gâcher votre intelligence dans une petite école de campagne. Ils vous ont inscrit ici il y a un certain temps déjà…

Il s’interrompit un instant, fixant la petite blonde assise face à lui, le regardant de ce même œil implacable et incroyablement mature.

▬ Ici, vous rencontrerez des enfants de votre âge, ayant les mêmes facultés que vous. Ce sera sans doute bénéfique à votre développement, autant psychique que physique.

Poussant un soupir, il abandonna subitement toute prudence, se penchant vers la petite blonde et lui murmurant à toute vitesse, devant ses yeux écarquillés de surprise et d’effarement :

▬ Ecoutez mademoiselle, si j’étais vous je ne recherchai pas les ennuis. Répétez après moi : maintenant, je m’appelle Quinn Everleigh Williamson, et tâchez d’y croire. Croyez-moi, je vous rends là un fier service !

Devant son absence de réaction, il se sentit obligé de préciser :

▬ Je ne plaisante pas, vous savez. Cette école n’est pas des plus agréables à vivre.

Il sentit qu’elle comprit son message… de toute façon, à force de bourrage de crâne intensif et de sédatifs, même l’esprit le plus éveillé finirait par tirer sa révérence. La petite, l’air revêche mais le ton convaincant, Rose lança alors :

▬ Je m’appelle Quinn Everleigh Williamson.

Il hocha la tête, lui faisant répéter une vingtaine de fois approximativement ce message. La petite fit l’exercice assidûment, d’un air posé. Lorsqu’il la jugea prête, l’homme hocha la tête, attrapa fermement son bras, lui fit répéter une dernière fois son nouveau nom et enfonça une seringue dans son bras.
Elle finirait par capituler… comme tous les autres.

(c) Tezpalmer

«TEENAGE DREAMS.»

ON PEUT TROUVER LE BONHEUR, MEME DANS LES MOMENTS LES PLUS SOMBRES… IL SUFFIT DE SE SOUVENIR D’ALLUMER LA LUMIERE.

Quinn Everleigh Williamson – puisque c’était désormais ainsi qu’elle s’appelait – fut, en son temps, une des meilleures élèves du Centre, mais aussi une des plus compliquées à gérer. Insoumise, ayant même une vilaine tendance à flirter avec l’interdit et s’amuser des risques, elle fut une perturbatrice reconnue, défiant sans cesse l’autorité du personnel. Ainsi été-t-elle sévèrement – et régulièrement – sanctionnée, tantôt torturée, tantôt isolée. Rien, néanmoins, ne semblait pouvoir la faire flancher. Bien sûr, s’il s’était agi de quelqu’un d’autre qu’elle-même, mais de quelqu’un de moins brillant, avec moins de potentiel, par exemple, il ne fait aucun doute qu’il aurait été tué sans remords. Cependant, la demoiselle était bien trop précieuse au Centre pour cela, ce qui lui sauva donc la vie à de nombreuses reprises…
Malgré son côté fauteuse de troubles, Quinn fut une élève assidue. Elle impressionna non seulement de par sa brillance d’esprit et son intelligence incontestée, mais aussi pour ses incroyables capacités physiques jusque-là ignorées. Bien qu’excellente élève, notamment lors des cours scientifiques, elle préféra s’orienter vers le domaine « terrain » pour laisser parler ses capacités. Très bonne duelliste, elle prenait un malin plaisir à défier quiconque se trouvait sur son chemin, homme comme femme. Mieux encore, grâce à sa souplesse digne d’une grande gymnaste ainsi qu’à sa combattivité à toute épreuve, elle l’emportait souvent. Ayant un très bon sens de la tactique et du maniement des armes, maitrisant en prime certains arts martiaux, elle s’imposa rapidement comme un des éléments les plus prometteurs du Centre.

Enfin, vous l’aurez compris, Quinn aimait transgresser les règles, malgré le châtiment qui l’attendait par la suite. Ainsi, malgré l’interdiction formelle du Centre bannissant toute forme d’amitié ou d’amour, la jeune femme trouva le moyen de se constituer une petite bande d’amis… et mieux encore, de trouver celui qu’elle considère comme l’homme de sa vie.
Comment réussit-elle à créer de tels liens dans pareil endroit, me demandez-vous ? En réalité, tout cela relève d’une longue succession d’évènement. Un an après son arrivée au Centre, elle vit débarquer une fillette blonde répondant au nom d’Eden qui devait être amenée à partager sa chambre. Quinn a très bien accueilli la nouvelle – enfin de la compagnie ! – et les deux petites filles n’ont guère tardées à devenir très proches l’une de l’autre. Même en grandissant, elles ont continué à se confier mutuellement leurs secrets, à se soutenir coûte que coûte, à passer quasiment tout leur temps ensemble… au point de devenir les meilleures amies du monde.
Vers l’adolescence, elle avait rencontré Chace et son meilleur ami Cameron. Le courant avait tout de suite passé entre eux et ils avaient commencé à trainer ensemble, tous les quatre, formant envers et contre tout une belle bande d’amis. Si de leur côté, Eden et Cameron étaient respectivement attirés l’un par l’autre, c’était pour Chace que Quinn avait fini par développer des sentiments beaucoup plus forts que de la simple amitié… au point d’en tomber tout bonnement amoureuse. Ainsi, n’ayant pas le droit de vivre leur amour au grand jour, ils s’embrassaient en cachette, et devaient malheureusement se limiter à cela.
Bien entendu, Quinn, folle d’amour et d’amitié, rêvait de liberté, d’un nouveau monde où ils seraient libres de s’afficher clairement bras dessus bras dessous. Ainsi, un beau jour, décidèrent-ils de passer à l’action… et par là, de dire adieu au Centre.

(c) Tezpalmer

«IT’S TIME TO GO!
PART ONE.»

UN BEAU JOUR, IL FAUT SE DECIDER A PRENDRE SA VIE EN MAIN. FONCER ET NE PAS S’ARRETER.

S’évader… le rêve de tout bon pensionnaire du Centre. Un rêve que touchaient actuellement du doigt Quinn et sa petite bande d’amis.
La jeune femme lança un regard méfiant aux alentours. Tout allait bien. Trop bien même. Ils avaient déjà franchi trois des cinq postes de contrôle. Encore deux et la liberté était à eux. A eux quatre. Depuis le temps qu’ils attendaient ce moment…
Ils avaient grandi ici. Ils avaient vécu ici. Ils avaient aimé, détesté, souffert, en ce lieu maudit. Et maintenant, tout allait s’arrêter. Il ne leur restait plus qu’à franchir deux postes de contrôle, et ils laisseraient derrière eux une vingtaine d’année de galère.
Quinn, bien entendu, aurait du se réjouir à cette perspective. Mieux encore, elle aurait se sentir ragaillardie devant le bon fonctionnement de leur plan. Néanmoins, elle ne savait quoi penser. Certes, leur plan était parfait, quasiment infaillible. On ne pouvait guère rêver mieux comme stratégie d’évasion… et pourtant, la jeune femme doutait. Après tout, le fait que tout se déroule aussi bien était-il de bonne augure, ou au contraire un funeste présage ? Il était impossible qu’on ne les ait pas encore remarqué…
Le quatuor poursuivit sa route vers la liberté. Quinn, tout en continuant à fixer les alentours d’un air suspicieux, jeta un coup d’œil à la dérobée à ses amis. Quatre personnes qui s’évadaient ensembles ? C’était encore du jamais vu. Parfois, quelques isolés parvenaient à se faire la malle… et ils revenaient au Centre peu après, rattrapés par un Traqueur – ou non, dans certains cas rarissimes. Mais que toute une petite bande de la sorte puisse s’enfuir ainsi, ça n’était encore jamais arrivé. Peut-être seraient-ils les premiers d’une longue liste…
L’avant-dernier poste était en vu. Quinn serra son fusil contre sa poitrine, prête à intervenir. Un regard furtif en direction de Chace, et ils prirent quelques petits mètres d’avance sur les deux autres. Quelques petits mètres, cependant suffisants pour sécuriser le passage. Du moins… normalement.

(c) Tezpalmer

«IT’S TIME TO GO!
PART TWO.»

SOMETIMES I CAN’T BELIEVE IT, I’M MOVING PAST THE FEELING. SOMETIMES I CAN’T BELIEVE IT… I’M MOVING PAST THE FEELING AGAIN.

Un coup de feu déchira le silence de la nuit, bientôt suivi d’un hurlement déchirant… le hurlement d’une sirène. Quinn, les yeux exorbités, chercha l’origine de ce bruit infernal… et merde. Ils avaient déclenché l’alarme. Comment ? Elle l’ignorait superbement. Ce qui était certain, c’est qu’ils étaient grillés, et ceci en beauté.
Se mordant la lèvre – signe d’anxiété chez elle – elle dévisagea ses deux autres compagnons d’infortune, qui affichaient la même mine horrifiée qu’elle. Tout allait pourtant si bien… Le plan parfait… ne l’était finalement pas tant que ça.
Elle ne comprenait pas ce qui avait déclenché l’alarme. Peut-être le fait qu’elle ait tiré ? Les postes précédents, ils s’étaient contentés de combats au corps à corps. Là, cependant, les gardes s’étaient montrés plus résistants, peut-être parce que les évadés se rapprochaient dangereusement de la sortie… de la liberté.
Quinn avait donc été obligée de tirer, et c’était apparemment ceci qui avait couru à leur perte. S’en voulant horriblement, elle poussa une longue bordée de jurons à mi-voix et fit volte-face. Les gardes s’approchaient… il y avait des renforts. En d’autres mots : ils étaient foutus. Leur plan parfait tombait à l’eau. Tout allait pourtant si bien…
Dégainant son arme à feu, la jeune femme allait se placer aux côtés de ses compatriotes masculins lorsqu’elle intercepta leur échange muet. Peu après, d’un élan commun, ils se tournèrent vers les deux filles de la bande en leur ordonnant de fuir. Naturellement, Quinn refusa obstinément… ils étaient hors de question que l’un d’entre eux – ou pire encore, plusieurs d’entre eux – restent ici. Ils avaient dit qu’ils sortiraient à quatre, ils le feraient, ou ils resteraient tous ici.
Hochant furieusement la tête en signe de négation, la blonde tenta alors de convaincre Chace de partir avec elle. Si Chace était convaincu, Cameron le serait aussi. Ils pourraient alors s’enfuir tous les quatre, comme c’était prévu originellement. Avant qu’elle ne réduise tous leurs espoirs en miettes…
Ils se faisaient pressants. Ils voulaient absolument qu’elles partent, prétextant que sinon, leur plan n’aurait servi à rien. Quinn, elle, s’obstinait, elle disait qu’ils pouvaient toujours partir tous les quatre… tout en sachant intérieurement que c’était tout bonnement impossible. Les larmes aux yeux, elle finit par capituler, promettant de revenir les chercher le plus tôt possible. Elle ne les laisserait pas ici, elle ne les oublierait pas, et elle était tellement désolée, dit-elle. Quelques instants plus tard, retenant tant bien que mal un sanglot, elle attrapa la main de sa meilleure amie et toutes deux disparurent dans l’obscurité.

(c) Tezpalmer

«I TRY TO HOLD ON, BUT IT HURTS TOO MUCH»

YOU KNOW WHAT SUCKS ? REALIZING THAT EVERYTHING YOU BELIEVE IN IS COMPLETE AND UTTER BULLSHIT.

Des larmes pleins les yeux, Quinn tambourinait violemment après une porte, attendant désespérément que le maudit étudiant en médecine qui habitait là ne vienne leur ouvrir.
Elles avaient plus ou moins réussi… au moins, elles avaient rallié Seattle. Certes, par principe de sécurité, elles n’auraient normalement pu du s’y attarder. Juste éventuellement le temps de manger un petit quelque chose, de reprendre des forces et de trouver une nouvelle destination.
Néanmoins, la situation actuelle n’était pas des plus normales qui soient.

Rien ne s’était passé comme prévu. Rien.
Cette pensée arracha un sanglot – que cette fois-ci, elle ne put contenir – à la jeune femme. Rien ne s’était passé comme prévu, et c’était principalement de par sa faute. C’était à cause d’elle si cette foutue alarme s’était déclenchée, à cause d’elle qu’ils avaient été repérés. De par sa faute, Cameron et Chace étaient toujours coincés là-bas. C’était injuste. Ç’aurait du être à elle de rester, et à personne d’autre ! Ils n’avaient pas à payer pour ses imbécilités…
Et pourquoi cette fichue scène ne cessait de repasser en boucle dans sa tête ? Pourquoi ? Elle avait mal au crâne… d’ailleurs, si elle n’avait pas du garder la face pour Eden, elle se serait sans doute évanouie. Tout tournait, inlassablement, comme un manège dangereusement innarêtable… Et cette horrible scène repassait pour la énième fois dans sa tête…

***

FLASHBACK.

Elles couraient, main dans la main. Sa vue était brouillée de par les larmes de colère et de culpabilité mêlée qu’elle tentait vainement de refouler.
Elles les avaient abandonnés. Abandonnés ! Cette pensée la fit grincer des dents, et elle faillit même faire demi-tour pour aller leur prêter main forte. Mais elle ne le pouvait pas… d’une, parce que les gardes les avaient sans doute déjà attrapés. D’ici quelques minutes, ils seraient probablement placés en Chambre Noire… torturés… de par sa faute… Il ne fallait pas y penser. C’était égoïste, mais jamais elle ne parviendrait à s’échapper si elle ne cessait de penser à eux. Et dans ce cas-là, leur plan, et pire encore, leur sacrifice, n’auraient servi à rien.
La deuxième raison n’était autre qu’Eden. Elle ne pouvait pas la laisser livrée à son sort… surtout qu’elle n’était pas armée, alors qu’elle si. En parlant d’armes… on leur tirait dessus. Des tirs en rafale. Se penchant légèrement en avant, elle accéléra la cadence, forçant sa meilleure amie à la suivre.
Les tirs se rapprochaient dangereusement d’elle. Un plomb passa même à une petite dizaine de centimètres au-dessus de sa tête. Se jetant au sol pour éviter une énième balle, elle se rendit compte que la main d’Eden n’était plus dans la sienne. Tout en tirant en direction d’un garde, elle la chercha du regard… jusqu’à ce qu’une balle ne vienne se planter dans le mur, juste à côté d’elle.
Ripostant férocement, elle entendit le cri de douleur d’un des gardiens qu’elle venait apparemment de toucher. Profitant de cette diversion, elle se rua en avant, vers l’endroit où il lui semblait avoir aperçu sa meilleure amie, terrée contre le mur. En chemin, elle évita tant bien que mal quelques autres tirs, avant d’entendre une plainte déchirante… poussée par une voix qu’elle reconnaitrait entre mille.

▬ EDEN ! hurla-t-elle tout en poursuivant courageusement sa route.

Elle finit par la retrouver, et s’agenouilla auprès d’elle. Du sang… elle saignait. Beaucoup. Prise de panique, elle jeta un regard autour d’elle. Plus loin, un gardien tirait dans leur direction. Sans même prendre le temps de viser ou ne serait-ce que de regarder sa cible, elle tira à son tour vers lui. Un grognement de douleur lui fit savoir qu’elle l’avait eu.
Se tournant à nouveau vers sa meilleure amie, elle lui demanda si elle se sentait de tenir le coup jusqu’à Seattle. Celle-ci lui murmura de l’abandonner, de la laisser là, que de toute façon elle ne ferait que la retarder… Ce que, naturellement, elle refusa catégoriquement. Empoignant Eden avec le plus de douceur possible, elle la prit dans ses bras. Le trajet jusqu’à Seattle de la sorte serait contraignant, mais elles y arriveraient. Portant ainsi son accolyte, elle se remit à courir, tirant de temps à autre en direction du poste.
La sortie était juste devant elles. Si elle parvenait à accélérer quelque peu la cadence, les gardiens ne pourraient pas les rattraper. Elles seraient libres. Libres !

***

Oui, elles avaient réussi à s’échapper.
Mieux encore, une fois au-dehors du Centre, elles avaient continué sur leur lancée, parvenant à atteindre Seattle même. Et à présent, elles se trouvaient ainsi à attendre sur le pas de la porte de ce Jason M. Cooper.
Celui-ci finit enfin par ouvrir, les fixant d’un air perplexe. Il fallait également dire, à sa décharge, que les deux jeunes femmes face à lui offraient un bien étrange spectacle. L’une d’elles, armée, luisante de sueur, les cheveux en bataille, couverte d’ecchymoses et de contusions, portait l’autre, l’air épuisé et le corps ensanglanté, dans ses bras. Après un instant d’hébétude, il les laissa finalement entrer et indiqua à Quinn un canapé proche où elle pourrait y déposer Eden.
Avec une douceur inhabituelle chez elle, la jeune femme déposa donc sa meilleure amie à l’endroit indiqué puis la fixa d’un air soucieux. Sourcils froncés, elle s’apprêtait à donner l’excuse trouvée – un petit-copain violent – à l’étudiant lorsque celui-ci prit la parole, la mine toujours aussi éberluée :

- Qu’est-ce qui vous ait arrivées ?
▬ Un petit-ami violent… elle l’a quitté, il n’a supporté.
▬ Il doit y être sacrément, violent, lança-t-il dans un sifflement faussement admiratif en examinant la blessure d’Eden.
▬ Il faisait parti d’un gang, avant. Il avait promis à Eden que ce n’était plus le cas, mais je n’y crois pas vraiment. Tu peux faire quelque chose pour elle ?
▬ Pourquoi ne pas l’avoir amenée directement à l’hôpital ? Comment m’avez-vous trouvé ? Et pourquoi tu es armée ?
▬ Woaw, c’est bon, calme-toi ! Une question à la fois, ok ? Il va la chercher, qu’est-ce que tu crois ? Il l’aurait achevée si je n’avais pas été là ! Ce mec est un fou-furieux en puissance… Il nous aurait trop facilement retrouvées si on allait à l’hôpital. On a donc cherché un médecin, si possible étudiant. Tu comprends, il ne pensera pas à aller voir chez les étudiants pour savoir qui y est passé ! Et si je suis armée… on vient d’un quartier pas facile, en dehors de la ville. Le désert total. On a fait tout le chemin à pied… alors, maintenant, si tu veux bien nous aider, fais ton boulot et écrase-toi. Ton taux de question est épuisé.

Il y avait des incohérences dans son histoire, elle en était consciente. Néanmoins, en croisant le regard menaçant de la jeune femme, le dénommé Jason ne pipa plus le moindre mot et mit en œuvre de s’affairer sagement autour de la blessure. Déposant son arme et son sac à dos faiblement rempli à ses pieds, Quinn le regarda se mettre au travail. Il avait des gestes précis, calculés. De toute évidence, elles étaient bien tombées.

(c) Tezpalmer

«I CAN’T STAY HERE»

LA VIE ETANT UN ETERNEL RECOMMENCEMENT, SEULE L’ACCEPTATION DE LA DEFAITE SIGNIFIE LA FIN DE TOUT. TANT ET AUSSI LONGTEMPS QUE L’ON SAIT RECOMMENCER, RIEN N’EST TOTALEMENT PERDU

Lorsque Quinn ouvrit les yeux, elle eut l’impression qu’elle venait tout juste de les fermer. Ces derniers temps, ses nuits étaient agitées. Il en devenait même rare qu’elle ne parvienne à rester assoupie plus que de quelques heures d’affilée. Se débattant avec ses couvertures, elle se leva dans un long bâillement et entreprit d’enfiler les vêtements que Jason lui avait récupéré récemment, en ville.
Depuis combien de temps étaient-elles là ? Approximativement une semaine, sans doute, peut-être un peu plus. La liberté donnait à Quinn l’impression d’avoir perdu toute notion du temps. Au Centre, chaque journée était calculée à la minute près. Dès le matin et ceci jusqu’au soir, les pensionnaires savaient ce qu’ils devaient faire, à quelle heure et en combien de temps. Ici, elle se contentait de rester enfermée toute la journée, veillant sur sa meilleure amie convalescente.
Jason ne s’était plus aventuré à poser de questions depuis le premier soir. De toute évidence, son petit speech lui avait fait de l’effet. Il se contentait de s’activer silencieusement autour d’Eden, soignant sa blessure avec les moyens du bord. Il avait également souhaité inspecter les quelques blessures mineures de Quinn, mais celle-ci lui avait sèchement ordonné de retourner s’occuper de la véritable blessée. Elle avait cependant accepté qu’il lui fasse un bandage autour de son poignet droit, endolori depuis leur évasion, et qu’il nettoie la vilaine écorchure qu’elle s’était faite au coin de l’œil en se jetant subitement au sol afin d’éviter une balle. D’après lui, elle laisserait une petite cicatrice… tant pis. ça lui donnerait d’autant plus l’air d’une guerrière !

Ce matin-là, lorsqu’elle se leva, Quinn prit une décision. Jetant un coup d’œil par la fenêtre, elle poussa un profond soupir et quitta la chambre que lui avait laissé le jeune homme.
Eden était, comme d’ordinaire, allongée sur le canapé. Sa blessure était plus grave encore que ne le soupçonnait Quinn… qui ne savait d’ailleurs pas combien de temps sa meilleure amie allait-elle mettre à se relever d’une telle blessure. Un long moment, sans doute. Jason lui avait parlé de plusieurs semaines de convalescence, pouvant aller jusqu’à un mois… Or, Quinn ne pouvait nullement rester ici durant si longtemps, c’était bien trop risqué. Elle savait donc que, à contrecœur, elle allait devoir laisser sa meilleure amie ici, ce qui la désolait grandement.
Prenant comme à son habitude un petit déjeuner sur le pouce, elle alla annoncer cette décision à Jason, lui faisant promettre de lui donner régulièrement des nouvelles de sa meilleure amie et de bien s’occuper d’elle. Le plus dur restait cependant à venir, puisque c’était désormais Eden elle-même qu’elle allait devoir avertir de ce choix. Poussant un long soupir, Quinn quitta la pièce et se dirigea vers le salon où se trouvait toujours la principale concernée, regardant d’un œil morne la télévision.

(c) Tezpalmer

«ONCE UPON A TIME… THE FREEDOM»

LA LIBERTE NE PEUT ETRE QUE TOUTE LA LIBERTE ; UN MORCEAU DE LIBERTE N’EST PAS LA LIBERTE.

Quinn était libre, une bonne fois pour toute.
Parcourant les rues de Seattle avec un sourire béat, elle huma à pleins poumons l’air frais l’entourant. L’air de la liberté ! Appréciant cette nouvelle autonomie, elle marcha ainsi pendant un moment dans la ville. Bien entendu, elle savait bien qu’elle ne pourrait pas rester là, profitant de cette nouvelle vie, éternellement. Elle allait devoir décamper, le plus tôt possible. Ce soir même, il faudrait qu’elle ait quitté la ville. A l’heure qu’il était, les Traqueurs étaient sans doute déjà à leur trousse… il n’était donc pas spécialement bon pour elle de flâner ainsi, au nez et à la barbe de ses anciens tortionnaires.
Cependant, elle avait quelques petites choses à faire avant de quitter la ville. Jason lui avait donné un peu d’argent, de manière à ce qu’elle survive à l’extérieur. Ainsi alla-t-elle faire quelques petites emplettes dans un petit supermarché sans prétention, s’émerveillant devant tous ces rayons parfaitement organisés. Bien entendu, elle avait déjà vu un centre commercial de la sorte, c’était même dans un de ces lieux qu’elle s’était fait enlevée… mais cela faisait remonter une vague de souvenirs intenses en elle. Revigorée, elle acheta cependant le strict minimum. Un sac à dos, des provisions pour quelques jours, une lampe de poche, une paire de lunettes de soleil et quelques autres objets du même style. La caissière lui avait d’ailleurs lancé, avec un sourire fort aimable « tiens donc, vous allez faire du camping ? » ce à quoi elle avait répondu avec enthousiasme que oui.
C’était d’un air enchanté qu’elle était sortie du supermarché, renforcée dans sa conviction qu’il existait encore, à l’extérieur, des êtres humains généreux – comme Jason – ou fort sympathiques, comme cette caissière.

Il lui fallait un moyen de locomotion, et elle tenait à éviter au maximum les taxis. Alors certes, elle ne savait conduire ni voiture, ni moto, mais elle en connaissait la théorie… et de toute manière, cela ne devait guère être plus compliquée que cela.
Elle n’avait pas les moyens de se financer l’un ou l’autre de ses transports, ni même de s’en payer le permis. Elle aurait très bien en voler un, mais cela l’aurait mise en danger. On aurait pu la repérer… et immédiatement, un Traqueur aurait été mis sur sa piste. Dans ce cas, oui mais non. Elle se contenterait d’un taxi… pour le moment.

(c) Tezpalmer

«TODAY IS GONNA BE THE DAY WHERE EVERYTHING WILL CHANGE»

NO YOU DON’T KNOW WHAT IT’S LIKE WHEN NOTHING FEELS ALL RIGHT. YOU DON’T KNOW WHAT IT’S LIKE TO BE LIKE ME; TO BE HURT, TO FEEL LOST, TO BE LEFT OUT IN THE DARK, TO BE KICKED WHEN YOU’RE DOWN, TO FEEL LIKE YOU’VE BEEN PUSHED AROUND, TO BE ON THE EDGE OF BREAKING DOWN AND NO ONE’S THERE TO SAVE YOU… NO YOU DON’T KNOW WHAT IT’S LIKE… WELCOME TO MY LIFE !

Quinn Everleigh Williamson menait désormais une existence nomade, incertaine, irrégulière, mais qui lui plaisait. Alors certes, cette nouvelle vie avait des tendances monotones certaines, et il lui arrivait parfois de s’ennuyer, la solitude commençant à lui peser… mais elle la préférait cependant largement à celle qu’elle menait autrefois au Centre ! D’ailleurs, maintenant qu’elle avait goûté à la liberté, plus jamais elle ne voulait remettre les pieds là-bas… si ce n’est pour sauver Cameron et Chace.

La solitude était contraignante. Sans plus personne avec qui discuter, ne serait-ce qu’une quelconque connaissance, Quinn se sentait isolée. Néanmoins, c’était un mal nécessaire pour garantir sa sécurité… ne se fiant ainsi qu’à elle-même et menant une existence on-ne-peut-plus plate, elle ne courait donc aucun risque de se faire repérer.
Certes, par principe de précaution, elle devait déménager de temps à autre. Elle restait rarement dans une même ville plus de deux semaines. Ainsi, après avoir résidé à New York pendant près de quatorze jours, elle avait quitté la ville dite de la Grosse Pomme pour se diriger vers San Francisco.
Elle travaillait, de temps à autre. De petits jobs discrets qui lui rapportaient de quoi se nourrir convenablement. Grâce à ces économies, elle avait même pu passer son permis moto. Elle avait suivi une formation accélérée. Le Centre lui ayant fourni une faculté de compréhension et d’adaptation certaine, elle n’avait eu aucun mal à trouver ses repères sur la machine. Elle avait donc décroché son permis haut la main, et les examinateurs ayant été bluffés avaient même acceptés de lui faire une légère réduction lorsqu’elle leur avait parlé de ses faibles moyens financiers.

Sa nouvelle vie s’écoulait tranquillement, rien ne venant la perturber, si ce n’est quelques confrontations éclairs avec Bowen, son traqueur. Elle l’avait croisé du côté de New York, quelques semaines auparavant… et tout comme lors de leur première confrontation, elle n’avait guère tardé à la mettre ko. Depuis, elle n’avait plus de nouvelles de lui.
Elle avait croisé quelques autres traqueurs, sur sa route. En réalité, elle s’était mise à les traquer. S’attachant à cette petite vie monotone et ennuyante, elle ne souhaitait désormais plus la quitter. Or, tant qu’elle serait traquée, elle ne pourrait vivre tranquillement. Elle s’était donc mise en tête d’éliminer le maximum de traqueurs possible. Elle en avait d’ailleurs abattu un récemment, dans une sombre ruelle de Manhattan. Ils s’étaient tout d’abord défiés au corps à corps, où Quinn l’avait emporté. Elle l’avait ensuite tué de sang-froid, exactement comme elle l’avait appris au Centre.
Elle était actuellement sur la piste d’un autre d’entre eux. Une fois que ses économies seraient suffisamment élevées, elle s’achèterait une moto et quitterait San Francisco. Ensuite, elle tuerait ce foutu traqueur comme elle avait abattu son collègue quelques semaines plus tôt, puis elle retournerait voir Eden, dont elle prenait régulièrement des nouvelles. Cette correspondance était assez dangereuse pour elles deux, un traqueur pouvant intercepter un de leurs courriers. Néanmoins, si cela devait être le cas, Quinn l’attendait de pied ferme. Soit. Lorsqu’Eden serait enfin rétablie… elles passeraient à l’action. Elles iraient libérer Cameron et Chace, et ils vivraient tous les quatre paisiblement, comme des êtres humains normaux… enfin.

(c) deviantart

«RUNAWAY»

Arrête moi si tu peux.

••• Comment s'est passé votre évasion ?

Mal. Oui, mal est sans doute le mot le plus approprié quand à la réussite de notre évasion. Mal, parce que tout ne s'est pas passé comme prévu. Ca avait pourtant bien débuté... Il ne nous restait plus que deux postes à franchir, et la liberté était à nous. A nous quatre. Plus précisément à Cameron, Chace, Eden et moi. Nous formions une petite bande d'amis, tentant vainement de se recréér une vie sociale dans cette prison. Hors de question de s'enfuir sans l'un d'entre nous... Et c'est pourtant ce qui s'est produit.
Il a fallu que cette foutue alarme se déclenche alors que nous franchissions l'avant-dernier poste. Nous étions déterminés, positifs même.. Tout se dérouillait à merveille... Du moins jusqu'à ce que l'alarme résonne dans tout le campus.
Je m'en souviens, aujourd'hui encore, comme si c'était hier. Je revois parfaitement cet échange de regard entre les deux garçons de la bande, cette soudaine compréhension mutuelle et muette. Je me souviens de leur insistance, de nos protestations... et finalement nous avions cédés. Quelques minutes plus tard, et les gardes débarquaient. Nous, nous avions filés dans l'obscurité, sans nous retourner, convaincues d'être bientôt rejointes par les garçons, sans savoir qu'ils s'étaient sacrifiés pour nous. Que seules nous deux, Eden et moi, pourrions finalement goûter aux 'joies' de la liberté.
Notre évasion a donc été chaotique, non seulement puisque la moitié de nos effectifs est toujours coincé au Centre, mais aussi parce qu'Eden a été grièvement blessée par un tir de balle alors que nous courions au loin, libres. Nous pensions nous être soigneusement préparés... Quelle grossière erreur. Nous ne sommes jamais assez bien préparés pour nous échapper de là-bas.

••• Le monde extérieur répond-il à vos attentes? Qu'en pensez vous?

Quand on est à l'intérieur du Centre, le monde extérieur représente un Idéal. Le monde extérieur, aux yeux de tous les pensionnaires - ou du moins des miens - c'était la Liberté, l'Espoir, le Renouveau. Suis-je déçue ou non de ce monde tant convoité, c'est dur d'y donner une réponse. C'est différent de ce à quoi je m'attendais, c'est certain.
L'Extérieur est quasiment aussi chaotique que le Centre lui-même... Il y a des guerres, il y a la famine, il y a les maladies... Ce n'est pas le Paradis, non. Néanmoins, c'est la Liberté, alors autant ne pas s'en plaindre. Et honnêtement, je n'ai aucun mal à vous dire que je suis beaucoup mieux ici qu'au Centre.
Le Centre, c'est l'Enfer. C'est la Torture, l'Horreur, la Peur. A l'Extérieur, il y a des choses dans ce genre-là, comme les attentats, les Serials-Killers... mais aussi des aspects positifs. Bien que j'évite de me lier avec autrui, j'ai rencontré des personnes forts sympathiques, comme par exemple cet étudiant en médecine ayant accepté d'aider Eden - or de question pour nous de nous rendre dans un hôpital, vous l'aurez compris ! Comme quoi, les gens peuvent faire preuve de générosité... En réalité, le Monde Extérieur oscille dangereusement entre les deux extrémités que sont le bien et le mal. Tout dépend des gens, des lieux... Mais c'est autre chose que le Centre, c'est certain, et je ne regrette pas le moins du monde mon évasion... Mieux encore, j'espère que les garçons ne vont guère tarder à nous rejoindre !

••• Quelle est votre stratégie pour ne pas vous faire attraper par un traqueur ?

Je connais mon Traqueur depuis notre enfance... Et puis, excusez-moi si je vous semble orgueilleuse, mais il me semble peu probable que Bowen m'attrape... Hahaha, Bowen, je l'ais battu à plates coutures - et devant tous ses amis, s'il vous plaît - la première fois où nous nous sommes affrontés, et il ne me l'a jamais pardonné. Peut-être est-ce pour cela qu'il a souhaité devenir mon Traqueur, par simple désir de vengeance...
En tout cas, sait-on jamais, je reste sur mes gardes. Peut-être que dans un éclair de génie Bowen pourrait me retrouver, bien que s'il devait y avoir combat au corps à corps, je lui ferai probablement à nouveau mordre la poussière... Au cas où, je change de ville à fréquence régulière. Je ne laisse jamais d'indices derrière moi, ou le moins possible, et je fais profil bas. Je ne me lie à personne, agir en solitaire est plus facile. Ne dit-on pas qu'on est jamais mieux servi que par soi-même ?
La seule personne avec qui j'ai encore contact est Eden, ma meilleure amie. Je prend régulièrement de ses nouvelles, afin de savoir comment elle se remet de ses blessures. La distance est dure à supporter pour nous deux... Bowen pourrait éventuellement approfondir cette piste, mais étant donné qu'il n'est pas le traqueur chargé d'Eden, j'en doute fortement. Je juge donc me débrouiller actuellement assez bien à ce niveau-ci.